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360. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Vainement il cherche un collaborateur : soliste perpétuel, il ne peut réussir à s’appareiller ; mais rien ne le décourage, et il voue à sa tâche, à l’œuvre de sa vie, les derniers restes d’une voix qui tombe et d’un sifflet qui s’éteint. Il ne me reste pas assez de place, et moins encore de loisir, pour parler dignement d’une œuvre française, récemment exécutée aux concerts de M.  […] D’autre part, le silence s’établit graduellement avec l’obscurité ; mais, tandis que l’œil reste dirigé forcément sur un point précis, ce qui est un élément d’absorption esthétique, l’oreille est désorientée16 par le silence d’abord, puis par l’incertitude où elle est maintenue au sujet de l’origine du son, qui lui est dérobée avec autant de soin que l’impression lumineuse lui est fixée. […] Il nous reste la troisième dimension, la profondeur, c’est-à-dire la notion de distance par rapport à nous. […] La musique, il est vrai, reste au-dessous de la conception poétique ; mais nos regrets sont de courte durée, car, dès l’entrée d’Elsa, la mélodie atteint ce degré de richesse qui a fait la fortune de l’œuvre dans toute l’Europe musicale.

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