Si vous en exceptez les ecclésiastiques du pays, qui sont, comme partout ailleurs et peut-être encore plus qu’ailleurs, pleins de haine et de fureur contre les gens qui ne professent pas leurs sentiments, vous trouverez les Persans fort humains et fort justes sur la religion, jusque-là qu’ils permettent aux gens qui ont embrassé la leur de la quitter et de reprendre celle qu’ils professaient auparavant ; de quoi le cèdre ou pontife leur donne un acte authentique pour leur sûreté, dans lequel ces sortes de convertis sont appelés molhoud 8, c’est-à-dire apostat, mot qui parmi eux est la plus grande injure. […] Le roi, s’arrêtant un peu, lui dit: « Tu es bien téméraire d’espérer que je t’accorde ce que tu me demandes, moi qui ne saurais obtenir de toi que tu reprennes la charge de premier ministre. — Sire, répondit le suppliant, je suis votre esclave ; je ferai toujours ce que Votre Majesté me commandera. » Le roi s’apaisa là-dessus, fit grâce à tous ces condamnés, et le lendemain matin envoya à Cheik-Ali-Kan un calaat (khala’at). […] Il reprit ensuite ses négociations avec le grand vizir et le nazir pour la vente de ses pierreries.