/ 2160
763. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Que si pourtant l’on voulait un contraste et dans l’ordre tragique également, on n’aurait qu’à se ressouvenir du vieux Crébillon, celui qui, avant Ducis, avait le plus osé en terreur sur notre scène, à se le représenter comme il était, dans sa rue des Douze-Portes au Marais, un rude vieillard aussi, gai, conteur, mais cynique ; la pipe à la bouche ; avec son entourage de femmes, de chats et de chiens ; colossal de taille, à mine de lion, mené par le nez comme un enfant ; de la race toute crue des vieux et naïfs Gaulois, et rappelant les mœurs de Mathurin Regnier ! […] Quand il parle, sa figure s’anime, et il peint par son geste tout ce que lui représente son imagination… Il est toujours animé de l’enthousiasme qui caractérise les vrais poètes, et la sensibilité la plus vive et la plus aimable règne dans tout ce qu’il dit. […] Il paraissait moins indigné et moins affecté de la cabale indécente qui avait failli empêcher de représenter sa pièce jusqu’à la fin, qu’il n’était touché des témoignages d’intérêt et d’attachement que lui avaient donnés les autres auteurs tragiques, Chénier, Legouvé, Lemercier, Arnault.

/ 2160