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269. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Cette pièce des Précieuses ridicules est la même que Molière fit représenter à Paris cinq ans plus tard, en 1659, et qui fit tant de bruit. […] Il n’en est pas de même de la dénégation d’écrivains qui ont cru se faire une place distinguée au temple de mémoire, en accusant de mauvais goût, des personnages de liante célébrité ; ils ont un grand intérêt à mettre à couvert leurs accusations sous une autorité telle que celle de Molière, et ont de bonnes raisons pour nier que Les Précieuses aient été représentées à Béziers, cinq ans avant de l’être à Paris. […] Pour les faire cesser, l’auteur déclara n’avoir voulu jouer que les fausses précieuses ; qu’il fallait distinguer entre les grandes et les petites précieuses, entre les illustres, qui étaient au-dessus de toute atteinte, et les ridicules, qui étaient un véritable objet de satire ; il assura que ces dernières seules étaient représentées dans sa comédie. […] Mais cela ne regarde que quelques-unes des précieuses, car il y en a qui ne se mettent pas tant à tous les jours. » Mademoiselle de Montpensier les représente dans la société des gens du monde, comme « fort sottes et fort niaises quand elles y sont seules de leur genre, comme fort insolentes quand elles y sont plusieurs. […] N’y aurait-il pas eu effet de l’absurdité à choisir deux provinciales, pour attirer la risée sur deux femmes de la cour ; deux bourgeoises pour représenter le ridicule de femmes de haute naissance ; deux vieilles folles de petite condition, dont la vanité est de se faire une cour d’hommes de qualité, pour ridiculiser des femmes du premier rang, dont les hommes de la plus haute condition sont la société nécessaire, habituelle, sont les amis la famille ?

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