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2150. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

(Au reste, elle n’est pas laide sur le seul portrait qu’on ait d’elle, et qui la représente à cinquante ans environ.) […] N’y eût-il pas eu entre eux rivalité littéraire, Voltaire représente justement ce que Rousseau déteste le plus : la vie sociale dans ce qu’elle a de plus artificiel et de plus corrupteur, l’ironie et l’impiété ; Voltaire, aimable et méchant, Rousseau, désagréable et bon ; Voltaire, riche et aristocrate, Rousseau pauvre et plébéien ; Voltaire spirituel et léger, Rousseau grave et même solennel ; Voltaire réaliste en politique, Rousseau chimérique ; Voltaire despotiste et qui se contenterait de réformes prudentes, Rousseau républicain du pays d’Utopie ; Voltaire impie, Rousseau religieux ; Voltaire ami de l’ordre avant tout, — mais voulant ruiner, du moins dans les hautes classes, la religion qui soutient l’ordre ; Rousseau menaçant cet ordre, — mais défendant le sentiment religieux : si bien que, chacun d’eux ne réussissant que dans la partie négative de sa tâche, l’un portera à la religion, et l’autre à l’ordre social nécessaire, des coups que, pour ma part, je déplore avec simplicité. […] Ils représentent tout ce que Rousseau, dans ses premiers ouvrages, dit exécrer le plus : les mensonges et la corruption mondaine et l’inégalité la plus insolente.

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