/ 3507
613. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Quand je dis qu’il l’exalte, je vais trop loin : il le décrit lui et son œuvre, mais il les décrit de telle sorte que sa parole rend le tableau à vous en faire venir l’impression au vif et jusqu’à la peau. […] Il a excellé à nous rendre le théâtre anglais du xvie  siècle, cette scène et cet auditoire tumultueux, mélangés, faits l’un pour l’autre, cette pléiade de vigoureux dramaturges dont Shakespeare n’a été que le plus grand et qui compte les Marlowe, les Massinger, les Ford, les Webster et autres. […] Il a préparé les éléments d’une révolution glorieuse et définitive (1688) ; seul il a rendu possible, à l’heure dite, le triomphe régulier des patriotes de cette époque. […] Taine dans la personne et dans le talent de Pope ; car nul n’apprécie mieux que lui Addison, le premier type de l’urbanité anglaise, en tant qu’il y a urbanité : il juge excellemment Addison et son genre moyen, discret, moral, bienséant, ce Quod decet que le premier il enseigna à ses compatriotes ; il rend toute justice aux divers personnages si bien esquissés dans son Spectateur, et qui sont si anglais toujours de physionomie. […] Les soins qu’il prenait pour cela et pour se rendre capable, avec sa santé chétive, de cette tâche difficile et immortelle, peut-on lui en faire un reproche et un tort ?

/ 3507