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40. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

L’ivresse a rendu Sganarelle compatissant. […] Mais, écrivant pour la comédie, il n’a pas voulu rendre la vérité triste pour la rendre plus forte : il a donné pour amants aux jeunes filles d’honnêtes jeunes gens qui respectent ce qu’ils aiment ; et c’est encore un trait charmant de vérité qu’elles aient conservé, malgré leurs précepteurs, un sens moral qui rend leurs tromperies innocentes par la pudeur qu’elles savent y garder, et par le mariage qui est au bout. […] Il est instruit d’un rendez-vous convenu entre les deux amants ; il en sait l’heure ; il n’a rien négligé pour le rendre fatal à Horace ; il y emploie même le guet-apens. […] Molière seul nous a rendus difficiles pour Molière. […] C’est sans doute ce qui rend le Misanthrope si attachant à la lecture ; mais c’est peut-être ce qui en rend la représentation un peu froide.

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