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2308. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Expliquer scientifiquement un phénomène, c’est, le rendre exprimable au moyen de trois quantités fondamentales, la longueur, le temps, la masse, dont on ne discute pas la nature. […] Un psychologue français qui n’admet point l’a priori des catégories et qui, par une inconséquence curieuse, admet celle de l’espace et du temps, ajustement objecté aux kantiens : — S’il faut que je reconnaisse la similitude effective de deux objets pour appliquer ma catégorie de ressemblance, la catégorie vient trop tard, le problème est résolu, elle ne fait rien qui n’ait été déjà fait sans elle114. — Pareillement, dirons-nous, s’il faut que je reconnaisse l’étendue effective de deux objets ou l’extensité effective de deux sensations pour appliquer ma forme a priori de l’espace, cette forme vient trop tard, le problème est résolu, L’application des formes a priori serait donc arbitraire s’il n’y avait pas des raisons et marques tirées des sensations mêmes qui motivent et règlent cette application, c’est-à-dire au fond qui les rendent inutiles. […] Mais la qualité particulière de chaque sensation, qui la rend discernable des autres, ne pourra devenir signe local que si, de quelque manière, nous avons des points de repère dans l’espace ; car cette qualité sensitive n’est pas par elle-même une situation, elle n’a pas sa position inhérente et immanente, puisqu’une position, encore une fois, n’est telle que par rapport à d’autres points donnés. […] Tous ces mouvements d’accommodation ont pour objet de rendre la perception plus distincte, la localisation et la projection plus facile. […] Il peut donc très bien exister, jusque dans la sensation, outre le courant afférent, un courant nerveux efférent qui se combine avec le premier et contribue à rendre la sensation distincte, limitée, définie, perçue.

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