On me dit que Benjamin Constant parlait mal de Roederer ; je le crois bien : ils s’étaient connus, ils s’étaient rencontrés et même rendu de bons offices ; Benjamin se vantait d’avoir une fois rapproché Roederer de Sieyès qui le boudait ; Roederer avait eu souvent à écrire sur les brochures de Benjamin Constant : tout cela était bien ; mais un jour, dans une circonstance capitale, Roederer l’avait déjoué et blessé. […] L’auteur avait traité trop légèrement, sans assez d’égards, quelques opinions contraires à la sienne, qu’il avait rencontrées sur son chemin : à propos des précieuses, il se fit des affaires presque aussi vives qu’au 10 Août ou qu’aux approches de Vendémiaire. […] Roederer, nous dit Beugnot, en appuyant sur les reproches que l’empereur m’avait faits de n’être ni logé, ni meublé, ni arrangé, prit la peine de m’expliquer ce qu’il eût fait à ma place pour se procurer ces jouissances, et il me déploya une délicatesse de goût, une expérience de bien-être, une recherche en toutes choses qu’on ne se serait jamais avisé de rencontrer en lui.