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1859. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais il faut remarquer que tous les particuliers qui composent les sociétés ne veulent pas qu’on les regarde comme la dernière partie du corps duquel ils sont. […] Aussi, et presque à ses débuts, de bons juges ne s’y étaient-ils pas mépris : « Buchez et ses amis, raconte Sainte-Beuve, avaient remarqué au sein de l’école romantique la haute personnalité de M. de Vigny et avaient tenté de l’acquérir » ; et il résista, continue le critique, — ayant trop d’orgueil, et de juste orgueil, pour être jamais d’une autre école que la sienne, — « mais il fut amené dès lors à s’occuper de certaines questions sociales plus qu’il ne l’avait fait jusque-là » [Cf.  […] Ce n’est pas seulement ce qui n’est pas clair qui n’est pas français, mais c’est tout ce qui n’exprime pas dans la langue de tout le monde des vérités qui intéressent ou qui touchent tout le monde ; et c’est pourquoi l’on remarquera que ni la plupart de nos « romantiques », ni surtout nos « dilettantes » n’existent au regard de l’étranger. […] Que Théophile Gautier y a plus d’une fois réussi ; — et qu’à ce propos il est étrange que des nouvelles comme Le Roi Candaule, ou Arria Marcella, ou le Roman de la momie, — ne soient pas estimées à l’égal au moins de Carmen ou de Colomba. — Les Voyages de Théophile Gautier ; — et si l’on considère la date du premier : 1839, 1840, — qu’ils semblent avoir été pour lui-même la révélation de son genre de talent. — Ses trois recueils de Poésies : Albertus, — España, — Émaux et Camées ; — et que c’est là surtout qu’on s’aperçoit du « manque d’idées » qu’on lui reproche. — On remarquera que la même aventure était arrivée aussi à Malherbe, — dont nous avons quelques très beaux vers, comme il y en a de Gautier ; — mais dont la valeur de « critique » et de grammairien, — ainsi que de « versificateur », — dépasse de beaucoup la valeur d’écrivain.

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