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307. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

La preuve que les Turcs n’ont jamais exterminé les races chrétiennes de l’Orient à cause de leur culte, c’est qu’au moment même de la conquête, Mahomet II, le conquérant de l’empire grec, au lieu de proscrire et d’exterminer le christianisme, proclama le libre exercice et le respect du culte chrétien, appela autour de lui tous les prêtres de la capitale, et marcha processionnellement avec eux à Sainte-Sophie, pour leur assurer solennellement dans leur cathédrale la tolérance que les Turcs portent à toutes les religions. La même tolérance respectueuse fut garantie par les vainqueurs dans toutes les villes grecques chrétiennes de l’empire ; nul ne fut ni persécuté ni contraint pour cause de religion ; les chrétiens furent seulement obligés de respecter eux-mêmes dans leurs actes et dans leurs paroles le culte mahométan. On partagea les temples entre les religions. […] Ce n’est donc nullement la religion qui fait le signe de distinction dans l’empire : c’est la race conquérante et la race conquise. […] Il ne s’agissait pas en Crimée de religion : il s’agissait de la liberté et de l’équilibre du monde.

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