/ 2070
1877. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

En religion, l’incrédulité brillante de Voltaire suffisait au grand nombre des esprits légers ; l’athéisme de Diderot, le matérialisme de Cabanis, aux esprits profonds. […] et quand elles ne verront plus dans la religion que l’intérêt des prêtres, seront-elles bien loin de ne voir dans les maximes sociales les plus sacrées que l’intérêt des riches, dans la morale qu’un frein ridicule à leurs plaisirs ? […] L’auteur, trouvant qu’on spiritualisait un peu trop l’enfer, l’a épaissi, comme disait Mme de Sévigné à propos de la religion, par quelques bons supplices matériels, tels que chaudières bouillantes, jets de plomb fondu, cuillerées de poix liquide, lits de fer rougi, coups de fourche et de lanières à pointes, introduisant les diableries de Callot dans les cercles du Dante. […] Mal réconciliée avec cette littérature classique et païenne d’où étaient sorties les idées révolutionnaires, la Restauration continuait à la suspecter et demandait par la plume éloquente de Chateaubriand une littérature conservatrice, qui eût ses racines dans la religion nationale et qui fût catholique afin d’être française. […] « Ce répertoire sacré », comme il l’appelait lui-même, et qu’il avait élevé à la hauteur d’une religion, allait-il être effacé des croyances publiques ?

/ 2070