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375. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Duruy était très réellement respectueux du christianisme, très scrupuleux observateur de la neutralité religieuse. […] Jamais il ne troubla par une taquinerie la vie religieuse des écoles, où l’on apprenait encore, de son temps, le catéchisme et l’histoire sainte. […] Notons seulement ce qu’un sceptique même en pourrait dire. — Il dirait que le grand ministre dut être surpris de quelques-uns des résultats de ses réformes ; qu’il ne paraît guère que l’instruction gratuite, obligatoire et laïque ait éclairé le suffrage universel ; que la superstition du savoir a jeté dans l’enseignement des fils et des filles du peuple et de la petite bourgeoisie, qui, infiniment plus nombreux que les places à occuper, n’ont fait que des déclassés et des malheureuses ; que la demi-science, exaspérant les vanités, les rancunes, les ambitions, ou simplement les appétits, en même temps qu’elle ôtait aux consciences les entraves et à la fois les appuis des croyances religieuses, a grossi l’armée des chimériques et des révoltés ; qu’ainsi la société s’est trouvée, justement par ce qui devait la pacifier et l’unir, plus menacée qu’elle ne fut jamais ; et que, si l’œuvre de M.  […] Il avait pour la France qu’il servit si bien le plus ardent amour, le plus religieux et le plus confiant.

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