La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie. […] Dans l’esprit de retour et de réveil religieux auquel il appartient, il reste pur de toute réaction, il est également éloigné de tout extrême. […] [NdA] Dans ce même discours, Portalis, tout religieux qu’il est, explique en partie par l’amour-propre le triomphe du christianisme dès son origine : « Les préceptes de l’Évangile, dit-il, notifièrent la vraie morale à l’univers ; ses dogmes firent éprouver aux peuples devenus chrétiens la satisfaction d’avoir été assez éclairés pour adopter une religion qui vengeait en quelque sorte la divinité et l’esprit humain de l’espèce d’humiliation attachée aux superstitions grossières des peuples idolâtres » — Rapprocher cette explication de celle que donne Volney dans son Voyage en Égypte et en Syrie à propos des religieux du mont Sinaï et du discours que lui tient l’un d’eux sur les mobiles de leur vocation. — Ici Portalis et Volney, en les serrant de très près, se touchent.