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1141. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Un d’entre eux, Adlhem, s’était établi sur le pont de sa ville, et répétait des odes guerrières et profanes en même temps que des poésies religieuses, pour attirer et instruire les hommes de son temps. […] Les deux poésies religieuses, la chrétienne et la païenne, sont si voisines, qu’elles peuvent fondre ensemble leurs disparates, leurs images et leurs légendes. […] Les monstres scandinaves, les Iotes ennemis des Ases ne se sont point évanouis ; seulement ils descendent de Caïn, et des géants noyés par le déluge64 ; l’enfer nouveau est presque le Nastrond antique, « mortellement glacé, plein d’aigles sanglants et de serpents pâles  » ; et le formidable jour du jugement dernier, où tout croulera en poussière pour faire place à un monde plus pur, ressemble à la destruction finale de l’Edda, à « ce crépuscule des dieux », qui s’achèvera par une renaissance victorieuse, et par une joie éternelle « sous un soleil plus beau. » Par cette conformité naturelle, ils se sont trouvés capables de faire des poëmes religieux qui sont de véritables poëmes ; on n’est puissant dans les œuvres de l’esprit que par la sincérité du sentiment personnel et original. […] On n’acquiert point l’instinct religieux ; on l’a dans le sang et on en hérite ; il est ainsi des autres, en premier lieu de l’orgueil, de l’indomptable énergie qui a conscience d’elle-même, qui révolte l’homme contre toute domination, et l’affermit contre toute douleur.

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