/ 2612
28. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ils regardent l’un et l’autre vers le même côté, ils semblent écouter et ils écoutent en effet un jeune musicien qui joue à quelque distance d’une espèce de mandoline. […] On n’a d’autre intérêt à les regarder que celui qu’on prend à l’accoutrement bizarre d’un étranger qui passe dans la rue ou qui se montre pour la première fois au palais-royal ou aux tuileries ; quelque bien ajustées que soient vos figures, si elles l’étaient à la française, on les passerait avec dédain. […] Elle regarde fixement la diseuse de bonne aventure en qui pareillement la coëffure, les draperies, les vêtemens sont à merveille. […] Sa manière de peindre n’est ni faite ni décidée, son dessin n’est pas correct, ses caractères de tête ne sont pas intéressans ; il règne dans tous ses tableaux une monotonie déplaisante, on en a vu vingt et l’on croit que c’est toujours le même ; la partie de l’effet y est tout à fait négligée ; on les regarde froidement, on les quitte comme on les regarde. […] Pour moi, plus je les regarderais, plus je leur verrais de petites ficelles attachées au haut de leurs têtes.

/ 2612