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937. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

De quel trouble un regard pouvait me préserver ! […] Quel tourment de se taire en voyant ce qu’on aime, De l’entendre gémir, de l’affliger soi-même, Lorsque, par un regard, on peut le consoler ! Mais quels pleurs ce regard aurait-il fait couler ! […] dans ce souvenir, inquiète, troublée, Je ne me sentais pas assez dissimulée ; De mon front effrayé je craignais la pâleur ; Je trouvais mes regards trop pleins de ma douleur, Sans cesse il me semblait que Néron en colère Me venait reprocher trop de soins de vous plaire ; Je craignais mon amour vainement renfermé ; Enfin, j’aurais voulu n’avoir jamais aimé. […] Et quand Mithridate revient mourant, c’est pour dire : Le ciel n’a pas voulu qu’achevant mon dessein, Rome en cendres me vît expirer dans son sein : Mais au moins quelque joie en mourant me console ; J’expire environné d’ennemis que j’immole ; Dans leur sang odieux j’ai pu tremper mes mains, Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains.

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