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912. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

On y reconnaît Diderot encore au déhonté des détails ; car, je l’ai déjà dit, Diderot est un des plus cyniques d’un siècle cynique, et, sans la Pucelle, il serait le premier. […] A tort ou à raison, l’opinion a reconnu dans Diderot, au milieu de toutes les supériorités qu’elle lui octroie trop généreusement, la supériorité du critique. […] Diderot n’était pas, il ne fut jamais comme Voltaire, qui écrivait à toute l’Europe de cette plume qui courait comme le feu sur la poudre, un chef d’opinion reconnu dans le vaste soulèvement, dans l’effroyable conspiration organisée au xviii® siècle contre l’ancienne société française et le christianisme qui l’avait faite. […] En dehors de la France, Gœthe, qui se reconnaissait en Diderot, — et c’était une fatuité, car il n’en avait pas la flamme, — Gœthe l’avait présenté à l’Allemagne comme un Français digne d’être Allemand, et, de fait, il l’était. […] Villemain, sous la plume modérée duquel j’aime à le placer pour le tuer mieux que la mienne, puisque c’est une plume de libre pensée, Villemain ne reconnaît que deux mérites à cet homme, qui eut l’ambition de trente-six, et il fait main basse sur tout le reste.

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