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483. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Quintilien rapporte de Théophraste, cet homme d’ailleurs si disert, que, comme il affectait un certain mot, une vieille d’Athènes ne balança pas à dire qu’il était étranger. — Et à quoi reconnaissez-vous cela ? […] Et d’ailleurs, il faut le reconnaître, tout change ; Genève est en train de se modifier, de perdre ses vieilles mœurs et son à parte, plus même qu’il ne lui conviendrait. […] Toujours est-il que si, sur les lieux, on considère de près, avec quelque attention, la physionomie générale et les produits beaucoup plus multipliés qu’on ne peut croire de la littérature courante, on reconnaît combien Genève, en tout ce qui est poétique, romanesque et purement littéraire, reste au-dessous, depuis cinquante ans, de son voisin le canton de Vaud, qui, avec bien moins d’importance et d’illustration, et sous un air de rusticité, a beaucoup plus le goût de ces sortes de choses. […] Que. si l’on ajoute à cette influence, d’autant plus heureusement littéraire qu’elle y visait moins, des lectures entrecoupées de Brantôme, de Bayle110, de Montaigne, de Rabelais, tomes épars dans l’atelier de son père et que l’enfant avait lus et sucés au hasard sans trop comprendre, mais parfaitement captivé par les couleurs du style ou par cette naïveté que Fénelon osait bien regretter, on reconnaîtra combien est véritablement et sincèrement française la filiation de M. […] Ai-je donc si tort d’y reconnaître quelques liens mystérieux avec ce qui est bon ?

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