Je servais les Bourbons ; il était Bonaparte : il y avait cette incompatibilité entre nous ; mais il était avant tout philosophe et poète ; il me lisait ses compositions ; j’oubliais qu’il était roi d’une dynastie que je ne reconnaissais pas : les lettres nivellent tout pendant qu’on en parle. […] Si vous ne vous en souvenez pas, je vais m’en souvenir pour vous : écoutez, et reconnaissez vos impressions physiques et morales dans les miennes. […] Il nous a semblé reconnaître, dans le visage d’une de ces jeunes femmes, le portrait un peu idéalisé de la princesse Charlotte. […] Le prince Napoléon était dans une pénible perplexité d’esprit : d’un côté sa famille et lui devaient une généreuse hospitalité au pape ; reconnaître l’asile qu’ils avaient reçu par une participation aux insurrections contre leur hôte, c’était une ingratitude ; d’un autre côté, agrandir la révolution française, incomplète, selon eux, en France, où elle venait de couronner un autre Bourbon, la fomenter, la servir, la transformer en révolution générale en Italie, c’était ouvrir des perspectives à leur dynastie napoléonienne ici ou là ; c’était de plus acquérir des titres de popularité héroïque dans cette ancienne patrie de leur famille, redevenue la patrie de leur exil. […] Les présages sont douteux ; la saison même n’est pas propice, l’heure ne l’est pas davantage ; on reconnaît le soir aux grandes ombres qui traînent sur la terre et aux reflets pâles d’un soleil couchant sur le sommet des édifices.