Durant les trois premières années, Mme des Ursins travaille à s’établir complètement dans l’esprit des deux personnes royales ; elle écarte les influences rivales, les déjoue par tous les moyens, excite mille clameurs, et, faute d’assez de ménagement et de prudence, mérite de recevoir son rappel par ordre de Louis XIV (1704). […] La situation exacte était celle-ci : la reine gouvernait le roi ; car, malgré tous les conseils dont on l’entourait, malgré les admirables instructions de Louis XIV, « le ressort qui détermine les hommes n’était pas en lui ; il avait reçu du ciel un esprit subalterne ou même subjugué ». […] Après une première station à Toulouse d’où elle continuait de correspondre avec sa royale élève et où elle vint à bout de parer l’exil pour l’Italie, elle reçut l’ordre tant désiré de venir à Versailles, et dès lors elle ne douta plus du succès final et du triomphe. […] Elle est d’avis que les chefs de ce parti ressentent les marques du mécontentement du roi avant qu’on ait eu le temps de recevoir des réponses de France, afin qu’il paraisse bien que c’est une résolution prise par le roi d’Espagne et non suggérée d’ailleurs : Ne vous épouvantez point, je vous supplie, madame, de ces résolutions : il est heureux que les grands nous aient donné une si juste occasion de les mortifier.