Et s’il est vrai que ce qui touche au mystère et au dogme nous dépasse pour la plupart, il n’est pas un esprit cultivé qui ne puisse recevoir de fortes impressions des pensées d’un Bossuet, des raisonnements d’un Bourdaloue sur ces saintes difficultés du christianisme. […] Le prédicateur moraliste se sert de nous contre nous-mêmes, et, par un de ces mille détours de l’amour-propre qui trouve son compte même aux coups qu’il reçoit, il ne peut pas nous faire voir notre fond sans nous y intéresser, ni nous accuser sans nous flatter par le prix qu’il met à notre innocence. […] Il n’a pas à se démontrer à lui-même ce qu’il va enseigner ; il transmet la doctrine telle qu’il l’a reçue, en y ajoutant l’autorité de la soumission plutôt que la nouveauté de motifs personnels. […] Par ses devanciers on se sent conduit ; et si par moments on leur résiste, si l’on cherche à se dégager de la main impérieuse d’un guide qui vous entraîne, cela même est encore excellent ; car, soit qu’on suive, soit qu’on refuse de marcher, on sait ce qu’on fait, et l’on reçoit un avertissement qui ne s’oublie pas.