/ 1917
1723. (1940) Quatre études pp. -154

Il était d’accord avec lui contre le progrès, « cette grande hérésie de la décrépitude » ; contre l’envahissement du matérialisme, toute certitude étant dans les rêves ; sur la valeur de l’imagination, « faculté quasi divine qui perçoit tout d’abord, en dehors des méthodes philosophiques, les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances et les analogies. » Rien ne lui semblait plus juste et plus beau que ses définitions de la poésie, « un enlèvement de l’âme », « un accent d’immortalité ». […] Des deux états poétiques auxquels on peut penser, l’un qui est tout d’élan et qui monte comme une prière, l’autre qui est absolue rigueur, on ne choisit ni l’un ni l’autre, et l’on remplace les sonorités mystérieuses ou les rapports exacts par des facilités qui tout au long d’un poème se répètent sans pitié. […] L’un renouvelait le vocabulaire, le vers, les images ; un autre, du fond de l’Amérique, brisant avec les goûts, les habitudes, les conventions, les lois de son milieu, mettant sa lucidité au service de sa sensibilité maladive et de son imagination hallucinée, traduisait en sons ses rêves, ses visions, ses rapports entrevus entre les apparences et les réalités transcendantes, ses symboles, et jusqu’à ses hallucinations pathétiques — never more ; un autre, à Bologne, introduisait dans ses vers classiques un élément barbare ; un autre cherchait l’impair, le vague, le fluide, le soluble, l’indécis d’une chanson grise ; d’autres encore libéraient les poèmes des entraves imposées, et n’en acceptaient plus d’autres que celles qui venaient des lois intérieures de leur chant.

/ 1917