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523. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Il l’a prise à part dans sa formation, son existence, ses actes, sa dissolution, quand elle n’eut plus de raisons d’exister. […] Aussi n’est-ce pas dans toute cette histoire, officielle et si connue qu’elle en est vulgaire, n’est-ce pas sous l’épiderme des événements du xvie  siècle, mais bien dans les entrailles des réalités les plus profondes, qu’il fallait chercher la raison supérieure de la nécessité de la Ligue et de son héroïque légitimité. Elle était bien, comme on le dit avec plus ou moins de force et comme le répète aujourd’hui son nouvel historien avec une tranquillité d’intelligence et d’expression qui croit n’avoir pas besoin d’insister, elle était bien, cette raison supérieure, dans le catholicisme du pays et dans sa conscience religieuse. […] Toujours il fut dans l’histoire de ce pays un moment suprême où l’indignité des gouvernements proclama la vacance du trône par la bouche même qui avait le droit de la proclamer, par cette voix du peuple et de l’Église qui avait fait le peuple ce qu’il était, et qu’au Moyen Âge on appelait justement, pour cette raison, la voix de Dieu ! […] « La conduite de Henri III, dit-il, ne devait pas manquer, s’il y persévérait, d’avoir pour résultat la ruine de la religion catholique… Le double meurtre qu’il avait commis (l’assassinat des Guise) ne faisait qu’aggraver sa situation en soulevant contre lui chaque jour quelque ville nouvelle. » M. de Chalambert prétend que la déchéance de Henri III, prononcée en 1589, fut simplement comminatoire, et il a raison quant au fait en soi-même.

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