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6. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Dernièrement, madame de Surville, la sœur de Balzac, a dit son petit mot de sœur, escompté par les éditeurs de son frère, à la tête de la vraie vie de Balzac, racontée par lui-même (et qui suffisait), dans sa sublime Correspondance. […] … Dans une vie comme celle d’Alfred de Musset, par exemple, lequel fut un grand poète, à ses risques et périls, c’est-à-dire un terrible passionné, ayant eu ses jours de faute et d’éclat scandaleux, croyez-vous qu’il soit possible à un frère qui raconte la vie de son frère de tout bravement raconter ? […] Ici, non plus, nulle passion de ce passionné n’est touchée, racontée, creusée au vif, comme si les sentiments du génie n’intéressaient pas tous les cœurs saisis par ce génie ! […] Or, la vie du génie, et Alfred en était un, avec ses égarements et ses fautes, il n’y a probablement que le génie lui-même qui puisse nous la raconter ! […] Mais, à côté du chaut inspiré, il avait mis sa prose inspirée, — à côté de sa poésie, son histoire… Dans ses Memoranda, dans sa Correspondance, partout où s’est abattu le bec d’aigle de sa terrible plume, Byron s’est raconté, analysé, perscruté, dans sa vie autant que dans son âme.

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