A la manière énergique dont Saint-Simon nous parle de cette race des Condés, on voit comment par degrés en elle le héros en viendra à n’être plus que quelque chose tenant du chasseur ou du sanglier. […] La Bruyère descendait d’un ancien ligueur, très-fameux dans les Mémoires du temps, et qui joua à Paris un des grands rôles municipaux dans cette faction anti-bourbonienne ; il est piquant que le petit-fils, précepteur d’un Bourbon, ait pu étudier de si près la race. […] Bien des passages de Mme de Staël (De Launay) viennent à l’appui de ce qu’a dû sentir La Bruyère ; ainsi dans une lettre à Mme Du Deffand (17 septembre 1747) : « Les Grands, à force de s’étendre, deviennent si minces qu’on voit le jour au travers : c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et dans le portrait de cette duchesse du Maine qui contenait en elle tout l’esprit et le caprice de cette race des Condés : « Elle, a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les Princes étoient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » 143.