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265. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Nul animal n’est plus propre que le renard au rôle de courtisan. […] Par exemple, Esope se tait sur le rossignol, et donne le beau rôle à l’oiseau de proie. […] « La bégayante couvée » piotte incessamment, et leurs cris, leurs mouvements perpétuels et aveugles montrent que leur pensée n’est encore qu’une dépendance de leur estomac. — N’est-ce pas assez, pour peindre la fourmi, de lui donner un rôle de ménagère ? Sèche, maigre, vêtue de noir, la taille mince et serrée, toujours prête avec ses six pattes à courir et à saisir, elle est économe, disciplinée, diligente, infatigable. — Le cochon est un hidalgo et s’appelle don Pourceau, parce qu’il a « son toit et sa maison », et qu’il y vit fièrement, oisif et dans la crasse. — Les grenouilles ont presque toujours un sot rôle ; mais on trouve qu’elles le méritent quand on a vu leurs gros yeux ronds stupides, leur corps niaisement ramassé sur leurs jambes, ou ces jambes tout d’un coup écartées et pendantes lorsqu’elles sautent éperdues dans leurs marais. — Les canards se sont conduits avec la tortue en commis-voyageurs. […] On n’a qu’à voir sa physionomie basse et inquiète, son corps efflanqué, sa démarche de brigand poursuivi, pour lui donner d’abord son rôle.

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