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366. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Artembarès, transporté de colère à ce récit, se rendit sur-le-champ près d’Astyage, et, menant avec lui son fils, se plaignit au roi de l’affront qu’il avait reçu. « Ô roi, s’écria-t-il en découvrant les épaules de son fils, c’est par un de vos esclaves, c’est par le fis d’un pâtre que nous avons été ainsi outragés !  […] Mais à peine fut-il présenté à la question, qu’il se décida à dire les choses telles qu’elles étaient, et fit un récit véridique de tout ce qui s’était passé : en le terminant, il supplia le roi de lui accorder son pardon. […] Cyrus leur répondit : « qu’il n’en avait rien su avant son départ, que jusque-là il était resté dans une entière ignorance de ce qui le concernait, et qu’il avait appris seulement en route sa propre histoire ; qu’il se croyait le fils d’un des pâtres d’Astyage, mais que les gens qui l’accompagnaient l’avaient instruit de tout. » Alors il raconta comment il avait été nourri par la femme du pâtre ; et, en faisant un grand éloge d’elle, il répéta plusieurs fois dans son récit le nom de Cyno. […] « Au récit de cette nouvelle ruse, le roi, frappé d’admiration pour les ressources de l’esprit et l’audace d’un tel homme, fit publier dans toutes les villes de ses États qu’il lui accordait l’impunité, et qu’il lui destinait même de grandes récompenses s’il voulait se montrer. […] « En écoutant ce récit, le roi ne put se figurer, ce qui était vrai pourtant, que ces Grecs s’attendaient bien à périr, mais ne voulaient perdre la vie qu’après l’avoir ôtée au plus grand nombre possible d’ennemis, et ne vit que de l’absurdité dans leur conduite.

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