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462. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Léon Dumont exagère la mobilité de nos sentiments jusqu’à en faire de simples transitions entre un état et un autre, et il en conclut qu’ils ne sont pas des phénomènes ayant une réalité propre, encore moins une efficacité quelconque, mais seulement des rapports et des changements32. Selon cette doctrine, une simple notion, une simple conception se trouverait avoir plus de réalité psychique que la jouissance et la souffrance. […] On ne peut conclure de là qu’ils aient moins de réalité que les autres faits, qu’ils soient des phénomènes de superficie et d’aspect, aussi mobiles et aussi peu consistants que les reflets des nuages sur la mer. Ils ont, au contraire, plus de réalité intérieure et mentale que tout autre phénomène. […] Aristote a pu soutenir avec plus de vraisemblance que le plaisir est au contraire le complément d’une action assez intense pour produire tout son effet et « actualiser toute sa puissance. » idéal plus que réalité, sans doute ; car l’action de l’être vivant, n’étant jamais solitaire, s’exerce toujours sur un point d’application qui lui-même réagit, elle fait toujours levier ; et de là vient que le changement s’attache à l’activité vitale, comme une nécessité venue des résistances du milieu, sinon de son essence même.

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