… Telle est la question. […] Charmant et détestable sorcier, espèce de Circé à sa façon qui changeait les hommes en bêtes, pour peu qu’ils missent le bout des lèvres dans la coupe de ses écrits, Voltaire, sur cette question de la Ligue comme sur tant d’autres questions d’histoire, a perverti le sens public pour un temps qu’on peut prévoir, mais qu’il est impossible de mesurer. […] c’est contre un tel obstacle à la bienvenue et à l’établissement de la vérité que M. de Chalambert s’avise de lutter aujourd’hui avec deux volumes, pleins de notions exactes, quand on se tient au point de vue du détail des faits, mais qui, selon nous, ne creusent pas assez dans la question des origines, cette seule question qui éclaire tout en histoire et que M. de Chalambert, il faut le dire, n’a point oubliée. […] On a le droit de s’étonner du silence des historiens qui ne parlent jamais de l’industrie protestante qu’à propos de la révocation de l’édit de Nantes, sous Louis XIV, et négligent de poser au xvie siècle cette question de vie et de mort qui donne un intérêt si suprême, un instant si marqué, une âme si forte à l’intérêt catholique ! […] Mais la question, posée par l’histoire, est bien au-dessus de ce détail de conduite, et c’est le droit de l’Union à prononcer cette déchéance que l’historien aurait dû faire rayonner, dans tous les sens, avec une clarté souveraine.