Oui, certes, on découvre chez les meilleurs écrivains des spécimens de toute espèce de défauts ; mais, parce que ces négligences n’ont pas nui à leurs qualités, est-ce une raison pour ne point recommander d’abord leurs qualités ? […] Brunetière, Saint-Simon, Molière, Sévigné survivent, bien que leur style n’ait pas les qualités qu’il nous blâme d’exiger ; et nous devrions, d’après lui, ne les point compter comme de bons écrivains. […] Nous faisions seulement remarquer que les défauts qu’ils peuvent avoir n’ajoutent rien à leurs qualités, et que leurs qualités sont même infiniment supérieures à leurs défauts, parce que ces qualités sont fondamentales et constituent l’essence même de l’art d’écrire. […] Ce sont précisément ceux-là qui me paraissent avoir eu, plus que d’autres et à un degré suréminent, le don suprême de l’écrivain : la vie qui est la chose nécessaire, supérieure à la correction, à l’harmonie, à l’élégance, à toutes les qualités possibles, comme nous l’avons proclamé cent fois dans nos livres.