/ 2619
729. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Elle était de la race des sœurs de génie, qui ont en partage le même feu sacré dont le frère célèbre tirera des flammes, et qui l’entretiennent plus pur. […] Séduit par l’esprit de Voltaire, Frédéric tient bon tant qu’il peut contre les tracas et les zizanies qu’a engendrées son séjour ; il exprime pourtant à ce sujet plus d’une pensée de pur bon sens et de morale pratique, et qui peut servir de leçon aux littérateurs de tous les temps : Après avoir goûté de tout et essayé de tous les caractères, écrit-il à sa sœur (29 décembre 1751), on en revient toujours aux personnes de mérite : Il n’y a que la vertu de solide, mais elle est rare à trouver. […] Je ne sais s’il est bien vrai, comme il le dit, qu’il se sent esclave d’être roi et que c’est un métier qu’il ne fait que par pure nécessité et parce que sa naissance l’y condamne : « La plupart du monde ambitionne de s’élever ; pour moi, je voudrais descendre, si pour prix de ce sacrifice, qui n’en serait pas un parce qu’il ne me coûterait rien, j’obtenais la liberté. » Cette liberté, s’il l’avait eue entière, aurait bien pu l’embarrasser, de l’ambition dont il était, et avec son activité ardente.

/ 2619