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429. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Comme ces changements n’ont pour objet que des impiétés du premier ordre ou des traits sur des puissances, on n’a pas à craindre que le roi de Prusse se plaigne qu’on a altéré son texte, et le public ne pourra pas le deviner… Mais, en faisant des retranchements, j’ai évité soigneusement de rien substituer au texte. […] La Prusse n’était pas comptée parmi les puissances, et quand Frédéric monta à vingt-huit ans (1740) sur ce trône qu’il devait occuper durant quarante-six ans, il avait tout à faire pour l’honneur de sa nation et pour le sien ; il avait à créer l’honneur prussien, il avait à gagner ses éperons comme roi. […] Frédéric est d’ailleurs dans le vrai du cœur humain, dans la réalité de l’observation morale et de la prophétie pratique, quand il ajoute : Le temps, qui guérit et qui efface tous les maux, rendra dans peu sans doute aux États prussiens leur abondance, leur prospérité et leur première splendeur ; les autres puissances se rétabliront de même ; ensuite d’autres ambitieux exciteront de nouvelles guerres et causeront de nouveaux désastres ; car c’est là le propre de l’esprit humain, que les exemples ne corrigent personne ; les sottises des pères sont perdues pour leurs enfants ; il faut que chaque génération fasse les siennes.

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