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418. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Taine, qu’il apprécie et juge avec supériorité et indépendance : il faudrait peu de chose, selon moi, pour que le volume qu’il publie, et qui est le recueil des articles qu’il a insérés soit dans la Revue de théologie, éditée à Strasbourg, soit dans la Bibliothèque universelle de Genève, le classât d’emblée dans l’estime publique à côté des esprits éminents auxquels il ne le cède ni par la science ni par la sagacité. […] Quand je veux m’instruire, je passe là-dessus, je marche sur ces cailloux au risque de m’écorcher un peu ; mais jamais pour le grand public français, jamais dans la patrie de Malebranche et de Jouffroy je ne croirai qu’il est nécessaire ou utile de se servir de ces termes que je prends au hasard, le déterminisme, l’hypothèse d’une chute préexistentielle, l’existence de l’inconditionné, etc. […] Le public sérieux, religieux, qui aime ces discussions et qui se prête au jargon d’école ou, si l’on aime mieux, à l’espèce d’annotation algébrique qu’elles supposent, les aurait bien su trouver. J’aurais eu regret cependant que l’auteur eût complètement supprimé dans le volume offert à notre public deux ou trois morceaux. « La crise de la foi » est un beau chapitre intérieur, et qui rappelle, à quelques égards, le touchant monologue de Jouffroy au moment où il s’aperçut que la foi première sur laquelle il s’appuyait s’était écroulée dans son cœur. […] Taine et Ernest Renan, de plus en plus goûtés du public, ils peuvent très bien, se passer de notre surcroît de critiques et d’éloges.

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