Cette affreuse clairvoyance ne nous enrichit pas : elle risque de nous appauvrir aux yeux de l’étranger, et, ce qui est plus grave, à nos propres yeux. […] Cela signifiait que ces grands solitaires de la pensée s’étant élevés en totale liberté, à leurs risques et périls, à de prodigieuses altitudes, contemplaient le fait en admirant leur propre force, mais tout à coup étaient saisis d’appréhension par l’éveil d’une pensée sociale : « Que fera l’humanité si elle se croit munie de nos ailes ? […] Je crois que l’aliment littéraire le plus riche gît dans les profondeurs de l’abîme que chacun de nous aperçoit à son côté — abîme individuel. — Tout ce qui remonte de là n’est pas propre à être mangé à la table commune. […] L’anxiété devant l’art, le souci de se découvrir un terrain propre, qui anima tant de grands écrivains, paraissent sans intérêt aux personnes qui regrettent le faux beau classique, la traduction élégante des textes antiques. […] Jules Sageret Quelque part, dans Salammbô, le rhinocéros nous est proposé comme type de la stupidité parce qu’il piétine sa propre fiente.