Pourtant il ressemblait beaucoup à sa mère, cette propre sœur des Corneille ; il disait, avec cette indifférence qui lui était particulière en toute chose, et que la pudeur filiale elle-même n’atteignait pas : « Mon père était une bête, mais ma mère avait de l’esprit ; elle était quiétiste ; c’était une petite femme douce qui me disait souvent : Mon fils, vous serez damné ; mais cela ne lui faisait point de peine. » — Pour maintenir quelque rapport de ressemblance entre Fontenelle et son oncle illustre, une seule remarque est essentielle, et je la livre à ceux qui aiment à réfléchir sur ces liens délicats. […] Il a ces deux caractères : il change peu de place, et en tient peu. » Tel Fontenelle se décelait de son propre aveu, tel nous le montre Mme Geoffrin : « Quand il entrait dans un logement, il laissait les choses comme il les trouvait ; il n’aurait pas ajouté ni ôté un clou. » Rien ne lui faisait de ce qui prend et divertit les autres hommes ; belle musique, beau tableau, il ne se tournait à rien. […] Il crut possible de concilier cette disposition qui le rendait tout propre pour les vérités exactes, avec le goût qu’il avait pour les manières de dire agréables et assaisonnées.