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29. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Mais ce n’est pas le fond de cette profonde coupe de rêveries, dans laquelle, si on la vidait, on regarderait peut-être encore, comme ce vieux enivré de roi de Thulé regardait au fond de la sienne, en l’emplissant de ses longues larmes avant de la jeter dans la mer ! […] C’est un panthéiste qui, pour être profond et puissant, n’est ni trouble, ni confus, comme tous les esprits qui inclinent au panthéisme, aussi bien en poésie qu’en philosophie, aussi bien dans le sentiment que dans l’abstraction. […] Les Souvenirs (une rêverie digne de la jeunesse du Dante), L’Anse des Dames, et cette Promenade dans la Lande qui commence à donner, distincte et profonde, cette note si particulière que le génie de Maurice de Guérin ne perdra plus. […] III Mais, quoiqu’ils soient moins originaux, moins grandiosement profonds et moins étonnants que ce Centaure, qui n’est ni antique ni moderne, mais quelque chose de tout à fait à part de toutes les productions littéraires connues, et même pour cette raison-là, les autres fragments, et dans ces fragments, par exemple, les paysages, seront-ils plus goûtés du public des livres que Le Centaure, et sera-ce par eux que Guérin fera sa gloire, qui, d’ailleurs, ne sera jamais populaire ? […] L’affectation n’oserait pas toucher, dans Guérin, à sa sensation exquise ou profonde.

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