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520. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

C’est, du reste, une loi générale qu’on aurait pu prévoir d’après ma théorie ; car des espèces arrivant de temps à autre, et peut-être à de longs intervalles, dans un nouveau district isolé, et ayant à faire concurrence à de nouveaux associés, doivent être très sujettes à subir des modifications plus ou moins profondes, et susceptibles de produire souvent des groupes entiers de descendants modifiés. […] Pourquoi la force créatrice n’a-t-elle donc produit sur ces îles que des Chauves-Souris et aucun autre mammifère ? […] C’est d’autant plus vrai que, si l’action volcanique agit généralement sur des points isolés, comme dans l’apparition du Monte Nuovo ou de quelques îlots méditerranéens, et ne peut guère produire que des îles peu étendues ou tout au plus des chaînes ou des groupes d’îles volcaniques, l’action soulevante, lente et continue, telle qu’elle agit actuellement en Suède, se manifeste généralement sur des régions considérables, ainsi que M.  […] Darwin, tous les organismes supérieurs descendent par voie de génération directe des organismes inférieurs ; il faut donc que ceux-ci aient beaucoup varié pour les produire ; et il ne s’agit plus que de savoir si le mouvement de variation se ralentit ou s’accélère, à mesure que l’organisation s’élève, et, si c’est possible, par quelles causes. […] La concurrence vitale devait donc tendre à cette époque primitive autant à unifier les caractères organiques qu’à les faire diverger, ou du moins elle peut avoir eu à la fois l’un et l’antre résultat, et dès le principe produit la diversité des types, des plans ou des formes de l’organisation en maintenant l’uniformité de ces lois générales.

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