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196. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Je crois bien que les noms des compositeurs de cette école, fort connus chez nous, ne sont plus étrangers au public français ; je pense même que dans les théâtres ou les concerts parisiens vous entendrez bientôt, au moins en partie, les œuvres principales de MM.  […] N’est-ce pas même pour remédier à ce manque d’une langue déterminée, que Wagner a imaginé d’exposer au début de ses drames les principaux motifs dont il se servirait et le sens qu’il leur attribuait, afin de donner du moins à ses auditeurs le vocabulaire spécial nécessaire à l’intelligence de l’œuvre qu’il leur présentait ? […] Son œuvre, encore un peu grossière, a été reprise, avec plus de perfection, par les représentants de cette école nationale russe dont je vous ai cité les noms principaux. […] Cependant la différence des deux musiques n’est pas seulement dans la langue : nos compositeurs de l’école Nationale ont sur deux points principaux de la théorie une opinion absolument opposée à celle de Wagner. […] Le principal lien avec Wagner est la prédominance du drame sur la symphonie et la volonté d’éviter les formes canoniques (airs, cavatines, duos) imposées par les opéras italiens et français… Ils préfèrent, suivant Wagner, la mélodie continue et le récitatif continu pour laisser s’exprimer l’émotion.

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