Saint-Simon, né en janvier 1675, d’un père déjà vieux, ancien favori de Louis XIII, et qui devait à ce prince toute sa fortune ; élevé par une mère vertueuse et distinguée, manifesta de bonne heure un goût inné pour la lecture, et pour celle de l’histoire en particulier. […] Les princes lorrains, ces instruments infâmes, employés auprès de Monsieur pour le faire acquiescer à ce mariage déshonorant, y sont qualifiés comme ils le méritent. […] Au bout de la galerie, dans un salon ouvert, sont les deux princes, fils du mort, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, ayant chacun sa princesse à ses côtés, assis sur un canapé, près d’une fenêtre ouverte, le dos à la galerie, « tout le monde épars, assis et debout, en confusion, et les dames les plus familières par terre à leurs pieds ». […] À l’autre bout, dans les premières pièces, c’est-à-dire les plus éloignées du salon des princes, sont les valets, contenant mal leurs mugissements, et désespérés de la perte d’un maître si vulgaire, « si fait exprès pour eux ». […] Après avoir ainsi épuisé avec une curiosité avide et subtile, et une richesse de langue inimaginable, toutes les formes, toutes les postures et les attitudes plus ou moins naturelles ou contraintes de cette vaste désolation de Versailles, il revient alors à ses deux princes et princesses du premier salon, et aux physionomies de première qualité qu’il nous livre également dans toutes leurs nuances.