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142. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Il y avait à se faire provisoirement auxiliaire de ces petits princes ecclésiastiques, à décider les troupes de la maison du roi à prêter serment à l’Électeur de Cologne, « lequel n’était pas entièrement dans la confidence », et qui, sans cette prestation de serment, ne se serait pas engagé par un traité à remettre à Louis XIV toutes ses places : « La chose réussit comme je me l’étais proposé, nous dit le roi ; l’écharpe et l’étendard de Cologne rassurèrent les Hollandais et l’Empire sur l’arrivée de mes troupes et la prise des quartiers d’hiver dans l’Électorat. […] Le prince ne songea d’abord qu’à mettre ce qu’il y avait de cavalerie passée en bataille, afin de marcher ensuite avec un corps réglé aux ennemis, ou pour les combattre, ou du moins pour les inquiéter dans leur retraite. […] « Après avoir donné les premiers moments aux mouvements de la nature, de l’amitié et de la considération que j’avais pour ce prince, et avoir donné au duc d’Enghien, son fils, la patente de général de mes armées, je m’appliquai à pourvoir à la sûreté de mes troupes… » Quoique je cite beaucoup, j’abrège encore. […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait. […] Assez d’autres princes, selon l’observation de Chateaubriand, ont eu des vices dont rougit la nature humaine, de ces vices honteux et caverneux qui se cachent : Louis XIV a eu ses défauts, ses faiblesses de volupté et d’orgueil, sans, en rien dérober et en plein soleil.

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