Il fut touché de ce sérieux des doctrines chrétiennes, si fort exagéré par le calvinisme et il prit plaisir à étudier l’homme au point de vue du christianisme, c’est-à-dire dans les contradictions et les misères de sa nature. […] L’esprit français se compare à l’esprit antique, et, se rencontrant avec lui dans les mêmes spéculations, il prend de soi-même une idée plus haute, et se fortifie par cette comparaison, au lieu de s’étourdir par l’admiration excessive. […] Celle-ci même n’essaya pas de le soutenir, et elle fut amenée par le génie et l’exemple de Calvin à prendre les formes sévères, nobles et soutenues des écrivains de Rome, plus goûtés par Calvin, comme on sait, que les écrivains grecs. […] Montaigne prit pour devise « Que sais-je ? […] », question commode, pour les jours où notre conscience et notre passion se disputent à chances égales, ou plutôt quand la passion commence à prendre le dessus.