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572. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Je n’ai point à entrer dans cette discussion, ni à chicaner sur cette préférence ; ce que je voulais seulement remarquer, c’est que sous cette première forme lentement progressive et naturelle tous les mots français qui viennent du latin et par le latin du grec ont été adoucis, préparés, mûris et fondus, façonnés à nos gosiers, par des siècles entiers de prononciation et d’usage : ils sont le contraire de ce qui est calqué et copié artificiellement, directement. […] Dans la préparation de ce premier Dictionnaire, et dans les cahiers qui en ont ôté conservés, on a les idées de Bossuet qui sont fort sages et fort saines. […] J’ai sous les yeux les deux premiers livres du Télémaque, un texte classique imprimé selon les modifications que M.  […] Il est bien vrai qu’autrefois, dans sa première édition, l’Académie avait écrit phantôme, phantastique, phrénésie et que depuis elle a osé écrire fantôme, fantastique, frénésie, etc. […] Fénelon, qui ne fut de l’Académie qui ; bien après Bossuet, et trop tard pour participer au travail du premier Dictionnaire, a donné, on le sait, d’excellents préceptes pour les occupations de la Compagnie, indépendamment de cette obligation principale et perpétuelle du Dictionnaire ; il lui a en quelque sorte taillé sa tâche : et avec quelle largeur, quel sentiment vif de la tradition, et aussi quelle intelligence présente du lendemain !

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