Comme on est empressé, au premier effort d’un beau génie vers un second genre, de lui contester la libre sortie du précédent et de l’y bloquer ! Au premier discours de M. de Lamartine, on disait qu’il ne ferait jamais un orateur politique. […] Ainsi, au premier acte, Cosima, qui n’entend parler depuis quelques jours, et à son oncle le chanoine, et à sa soubrette, que de son honneur à elle qu’Alvise son mari doit défendre, Cosima, ennuyée, excédée de cette surveillance qui la froisse comme femme de bien, et qui la tente comme toute fille d’Ève, s’écrie avec un sentiment douloureux d’oppression et en se dirigeant vers la fenêtre où elle apercevra peut-être l’ombre d’Ordonio ; « L’air qu’on respire ici depuis quelque temps est chargé d’idées blessantes et de paroles odieuses. » Si on murmure à une telle phrase au lieu d’applaudir, il faut renoncer, j’en demande pardon aux puristes du parterre, à faire parler la passion moderne au théâtre et à y traduire la pensée en d’énergiques images. […] Il se pourrait qu’au théâtre on ne supportât pas en face de telles vérités et qu’il fallût toujours une certaine dose jeune premier dans l’amoureux.