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434. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

On ne peut s’empêcher de remarquer que Saint-Martin ici nous présente une simple contrariété de sa vie intérieure comme un malheur horrible, et cela en regard de cette véritable infortune publique de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qu’il se contente d’appeler une bagarre. […] Après avoir établi quelques principes de cet ordre, Saint-Martin a donc confiance que ce témoin perpétuel de Dieu, l’âme de l’homme, gagnera à l’épreuve présente, et que le miroir sera plutôt nettoyé qu’obscurci. […] L’amour-propre est si ingénieux, même chez les plus humbles, que cet aveu de son tort et l’explication qu’il en donne vont tourner encore à la glorification de son rôle réservé et de son utopie chérie : Il y a, confesse-t-il, dans quelques-uns de mes ouvrages plusieurs points qui sont présentés avec négligence, et qui auraient dû l’être avec beaucoup de précaution pour ne pas réveiller tes adversaires. […] Je crois que les négligences et les imprudences où ma paresse m’a entraîné en ce genre ont eu lieu par une permission divine, qui a voulu par là écarter les yeux vulgaires des vérités trop sublimes que je présentais peut-être par ma simple volonté humaine, et que ces yeux vulgaires ne devaient pas contempler. — Le monde et moi, disait-il encore pour se consoler, nous ne sommes pas du même âge.

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