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682. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

C’est ainsi, que ce modelage appliqué et chercheur des plans, des méplats, des saillies, des creux, pour ainsi dire, imperceptibles de mon visage, me faisait penser, que si j’avais encore des portraits physiques d’hommes ou de femmes à faire, je les ferais plus plastiquement anatomiques, plus détaillés en la construction, la structure, le mamelonnement, l’amincissement du muscle sous l’épiderme, je pousserais plus loin l’étude d’une narine, d’une paupière, d’un coin de bouche. […] À ce propos Daudet raconte ceci : Belot lui parlait d’un certain dîner Dentu, dont faisaient partie, Boisgobey, Élie Berthet, etc., lui disant qu’il entendrait là des choses qui pourraient lui servir, et le poussait vivement à en faire partie. […] Pourquoi l’horreur à un certain degré dans les histoires, au lieu d’apitoyer, pousse-t-elle à rire ? […] Et nous allons, Ajalbert et moi, très nerveux prendre un verre de chartreuse, au café voisin, où je dis à l’auteur de la pièce : « Avec ce public, n’en doutez pas un moment, le premier acte va être emboîté, et la seule chance que nous puissions avoir, c’est qu’Antoine relève la pièce au second acte. » Au lever de la toile, je suis au fond d’une baignoire, où j’ai devant moi, des jeunes gens qui commencent à pousser des oh !

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