Toutes ces erreurs, c’est-à-dire toutes ces vérités, se succèdent ; elles commencent et elles finissent, elles se contredisent et elles se détruisent ; les époques se poussent et se dévorent. […] Aussi Constantinople a été emportée : l’Europe a poussé un cri de douleur, honorable pour l’Europe, accablant pour Constantinople ; car, héritière d’une puissance immense, si Constantinople avait eu quelque vertu, non seulement elle aurait conservé cette puissance, mais elle l’aurait agrandie. […] Il en a été ainsi de ses successeurs : tous sont des géomètres qui ont recherché et poussé jusqu’à l’abus la rigueur apparente de la démonstration géométrique111. […] Je signale la marche de Condillac, je ne la critique pas ; je prie au contraire de remarquer la force et l’audace qu’il a fallu à Condillac pour tout ramener à la sensation et pousser la philosophie de Locke à ses extrêmes et nécessaires conséquences. […] Tennemann sépare donc tout aussi fortement que l’avait fait Tiedemann la philosophie de la théologie dans l’histoire, et là-dessus il pousse le scrupule aussi loin que son devancier.