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836. (1802) Études sur Molière pp. -355

Ici, quelques historiens de Pocquelin6 prétendent le perdre de vue ; il vécut ignoré, disent-ils, pendant plusieurs années : je le vois cependant, dès l’année 1645, se mêler à des jeunes gens qui s’amusaient à jouer la comédie, d’abord sur les fossés de Nesle, ensuite au quartier Saint-Paul ; je le vois donner à ses camarades d’assez bons conseils, pour que leur réunion obtienne le titre de l’Illustre Théâtre ; pour qu’on leur confie des nouveautés ; pour que, fiers de leurs succès, ils osent élever un théâtre en règle, dans le jeu de paume de la Croix-Rouge, et pour que le public coure en foule payer leurs plaisirs. […] Ma mémoire me sert encore assez bien, pour que je puisse dire à nos jeunes premiers 15 : si vous avez jamais le bonheur de jouer la belle scène qui donne le titre à la pièce, ne cherchez pas à mettre la manière à la place de la nature. […] Il a même fallu tout l’art de Molière pour qu’elle ne devînt pas intéressante. […] L’actrice sait que les témérités de Tartuffe ne peuvent pas aller au-delà d’une déclaration ou de quelques propositions hasardées ; en voilà sans doute assez pour qu’une épouse délicate prie son mari ………………………… De ne l’exposer Qu’à ce qu’il lui faudra pour le désabuser. […] Le lendemain, la troupe s’assembla : encore effrayée du danger qu’elle avait couru, elle voulait faire supplier le roi de révoquer son ordre ; mais Molière, toujours inébranlable, dès qu’il avait pris une résolution, insista pour qu’il fût maintenu.

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