Un abîme pourrait servir aux essais de quelque oiseau mécanique. » Il faut, à la limite de nos choix, de nos techniques, de nos arts, des abîmes de ce genre, les abîmes du hasard, du possible, de la page blanche, pour que l’ingénieur spirituel, le « génie » lance ses ponts et ses machines ailées. […] Les différentes réalités matérielles, personnelles, idéales, logiques, dit-il dans l’Introduction « peuvent se considérer comme des portions finies d’espace ou de temps contenant diverses variations, qui sont parfois des objets caractérisés et connus, mais dont la signification et l’usage ordinaire sont négligés pour que n’en subsiste que l’ordre et les réactions mutuelles. […] Pour que la vie embrasse un autel de délices, Où, mêlant l’âme étrange aux éternels retours, La semence, le lait, le sang coulent toujours ? […] Les poèmes que Valéry écrivit pendant les cinq ans qui suivirent, et que réunit Charmes, reprennent à peu près tous les motifs de la Jeune Parque, mais la lumière y est tamisée, retenue par assez de vapeur d’eau pour que le regard la supporte, la voie dorer de beaux nuages, et reconnaisse, dans ces nuages, des teintes et un jeu poétique un peu plus coutumiers. […] Mais cette dualité suffît pour que Narcisse, comme la Jeune Parque, se pose un problème d’existence : lequel existe, son corps ou son âme, lui ou son double ?