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1161. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Pour que l’état poétique s’ébauche en nous, nul besoin n’est-ce pas, d’avoir pris d’abord connaissance du poème tout entier, même s’il est court. […] Aussi, pour que ne s’affadisse pas, au moins dans l’âme des poètes, le sel indispensable de l’humour, paraissent à point nommé les enfants terribles de la poésie : La Fontaine, après le trop solennel Malherbe ; Musset, après les mages romantiques ; Verlaine, Laforgue et Francis Jammes, après le pontifiant Leconte de Lisle ; Apollinaire après l’heureux et dangereux triomphe des symbolistes. […] Carlyle est particulièrement des nôtres parce que nul ne comprit comme lui, pour que passe le « courant souterrain », le rôle fondamental du silence. […] « le chant doit produire de l’enchantement. » il faut pour qu’un spectacle soit beau, qu’on croie imaginer ce qu’on y entend, ce qu’on y voit, et que tout nous y semble un beau songe. les arts ont pour mérite unique, et tous doivent avoir pour but, de faire imaginer des âmes par le moyen des corps. […] Cela suffit pour qu’on voie que nous nous retrouvons sur le même point au débouché de la forêt.

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